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Quel sport pour la maladie de Parkinson ?

En France, 200 000 personnes sont touchées par la maladie de Parkinson. Si nous ne connaissons pas les causes qui déclenchent cette maladie, nous savons qu’elle attaque les neurones dopaminergiques impliqués dans le contrôle des mouvements.

En conséquence, les patients voient progressivement leurs fonctions motrices plus ou plus ralenties et souffrent de rigidité et de tremblement au repos. Les risques associés sont importants, tels que l’isolement, les troubles du sommeil, les troubles anxieux ou dépressifs, le risque de chute, etc.

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La maladie de Parkinson est une maladie évolutive que nous ne savons pas comment guérir, mais que nous pouvons arrêter grâce à des traitements et à une intention particulière à notre mode de vie, notamment en pratiquant une activité physique, dans le but de stimuler la production de dopamine. Nous avons discuté avec Amandine Lagarde, chargée de projet et de formation pour les professionnels de France Parkinson, sur les programmes d’activité physique adaptée (APA), puis avec le Dr Obert, médecin au centre de réadaptation Gustav Zander , nous expliquant comment son équipe parvient à réaliser de grands progrès chez les malades, grâce à un programme basé sur la reprise d’un rythme de vie régulier, où l’exposition des patients à la lumière du jour joue un rôle important, notamment par le biais d’activités physiques en plein air.

Entretien avec Amandine Lagarde, responsable de projet et de formation pour les professionnels chez France Parkinson

Les associations de patients ont-elles leur place dans le système d’activité physique adaptée (APA) pour s’assurer notamment que nous prenons en compte l’ensemble des besoins des patients, physiques, mentaux, sociaux, etc. ?

Absolument, d’autant plus qu’une bonne connaissance de la maladie de Parkinson nous semble essentielle afin d’adapter les propositions d’APA aux symptômes et aux contraintes de la pathologie et de savoir prendre en compte la spécificité individuelle de la maladie, les capacités du patient.

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Quoi quelles sont les activités physiques les plus pertinentes pour la maladie de Parkinson ? Est-il possible de les étendre encore davantage à des activités en dehors du domaine « sportif » tel que la sophrologie, les promenades en forêt, etc. ?

Les activités physiques les plus indiquées dans le cas de la maladie de Parkinson sont finalement très nombreuses et vont de la marche nordique à la danse, en passant par le tai-chi, le qi gong, le shiatsu, le longe-rib, le cyclisme, l’aquagym…

La sophrologie se développe également de plus en plus et nous constatons les avantages pour les patients atteints de la maladie de Parkinson. Les promenades en forêt et toute forme de marche en groupe sont à encourager, puisque le mot clé de la maladie de Parkinson est « bouger », pour bouger le plus possible ! Le fait de continuer à bouger, à faire de l’activité physique, à avoir une vie sociale (favorisée par les activités de groupe) permet de lutter contre les symptômes liés à la maladie et à son évolution.

En fonction des besoins spécifiques des patients représentés dans votre association, quels sont les meilleurs indicateurs possible pour évaluer si l’activité physique adaptée atteint ses objectifs ? 

L’un des premiers indicateurs est l’état de santé physique et mentale : certains patients qui pratiquent quotidiennement des activités physiques constatent un sentiment de bien-être, en termes de sensations, aux deux niveaux. Il y a même parfois une réduction des traitements médicamenteux pour la maladie de Parkinson. Le score sur l’échelle d’évaluation des symptômes de la maladie de Parkinson (UPDRS) peut être un indicateur. Les échelles d’évaluation de la qualité de vie sont également des indicateurs pertinents.

Existe-t-il des prérequis nécessaires à la mise en œuvre d’une activité physique adaptée (APA) ?

Plus les activités physiques adaptées commencent tôt dans la maladie, mieux c’est, car les fonctions motrices des patients seront mieux préservées. De nombreux APA différents sont possibles et permettent de maintenir les fonctions du moteur le plus longtemps possible.

La pratique d’un APA pour la maladie de Parkinson est concevable à tout âge et avec des degrés d’invalidité, à condition que le professionnel de l’APA soit spécifiquement formé à la maladie pour évaluer correctement ce qui peut être offert, au cas par cas, aux patients.

Entretien avec le docteur Denis Obert, médecin en médecine physique et réadaptation au centre Gustav Zander et formateur à Handiforma

Quels sont les symptômes, connus ou inconnus, sur lesquels les patients peuvent agir par l’activité physique ?

Il s’agit d’une maladie bien connue du grand public pour ses tremblements, ses problèmes de posture ou ses troubles de la marche. Il existe également des signes invisibles tels que manque de désir, moral bas, hypersensibilité au stress, fluctuations des capacités au cours de la journée qui vont progressivement tendre à isoler le patient et à le « désactiver ».

De plus, le rétablissement des patients est fréquemment perturbé en raison de troubles du maintien du sommeil. Ces troubles du sommeil sont une conséquence de la maladie, du traitement et du mode de vie des personnes touchées.

La pratique de l’activité physique aura un effet bénéfique sur l’ensemble de ces symptômes.

Les avantages de l’activité physique sont-ils connus et intégrés en ce qui concerne la maladie de Parkinson ?

Pour la maladie de Parkinson, on a longtemps pensé que les patients devaient se sauver eux-mêmes et ne pas trop bouger, de peur d’aggraver la maladie. Certains pays ont déjà noté les bienfaits de l’activité physique pour les malades, mais en France, nous sommes en retard sur le sujet. La communication sur l’intérêt de l’activité progresse, mais au final, il y a encore trop peu de centres de réadaptation comme le nôtre qui proposent une prise en charge de la maladie de Parkinson avec cette approche systémique.

Au Centre Gustav Zander, nous défendons l’idée d’intégrer l’activité physique dans le mode de vie du patient et en particulier dans son cycle circadien. Il ne s’agit pas simplement d’amener les patients à faire de la gymnastique sur la base des résultats scientifiques actuels. Quand nous avons commencé la réadaptation pour les patients atteints de la maladie de Parkinson il y a 7 ans, sur la base d’essais scientifiques validés, nous avons eu des bénéfices immédiats à la fin des 6 semaines du programme. Cependant, deux mois après la fin du programme, les patients se retrouvaient souvent à la case départ, parce que nous n’étions pas suffisamment dans le processus éducatif.

Sur la base de l’expérience des équipes médicales de Gustav Zander, quels sont les leviers à mettre en place pour motiver les patients et optimiser l’efficacité de l’activité physique sur la maladie à long terme ?

L’un des premiers enjeux est donc évidemment de permettre au patient de quitter à nouveau son domicile pour faire des activités. Il faut surtout comprendre que l’origine de la maladie est l’altération du système « dopaminergique », la dopamine étant sécrétée en partie grâce à une stimulation basée sur la récompense. Par conséquent, il est important de motiver le patient avec des objectifs partagés avec personne. Pour cela, il faut avant tout partir de chaque patient. Pour comprendre ce que chacun ressent dans son corps, son environnement, sa motricité et quelles sont ses attentes. Les patients perdent peu à peu leur conscience corporelle dans l’espace, il ne s’agit donc pas simplement de faire des exercices de gym classiques, mais bien adaptés aux spécificités des sentiments de chaque patient, et d’intégrer la notion de plaisir dans l’activité.

De plus, il faut être capable de comprendre tout ce qui peut empêcher le patient d’avoir un bon niveau de récupération après une activité physique, que ce soit la qualité de son sommeil, ses traitements, son mode de vie. C’est un travail qui se rapproche du coaching pour améliorer les performances des athlètes de haut niveau. Comprendre le rythme de vie des patients et les obstacles à la récupération permettra d’optimiser la phase « entraînement » de l’activité physique.

Lorsque vous parlez d’une approche systémique, qui va au-delà de la mise en œuvre d’un simple programme d’activité physique, quels autres types de paramètres est-ce que cela inclut ?

Comme je l’expliquais, nous ne connaissons pas vraiment les capacités physiques de nos patients tant qu’ils n’ont pas repris un bon rythme de vie et, pour y parvenir, le premier traitement à mettre en place est de proposer aux personnes de sortir pour profiter de la lumière du jour. En effet, notre système dopaminergique démarre le matin par une exposition à la lumière. Il est donc essentiel, avant même d’envisager la pratique d’une activité physique, que les patients reprennent l’habitude de sortir tous les matins.

En fait, le plus bénéfique est évidemment de faire de l’activité physique à l’extérieur, car cela recharge littéralement les batteries. Nous respectons donc mieux « le cycle circadien ».

Tous nos organes fonctionnent pendant 24 heures, c’est ce qu’on appelle le rythme circadien, lui-même régulé principalement par la lumière, mais aussi par les heures de repas et d’activités physiques. Ce système rythmique tend à se dérégler dans le contexte de la maladie de Parkinson. Les malades sortent moins, voient moins de personnes, ont moins d’activité physique, mangent à des heures très variables, parfois même la nuit, ne dorment plus très bien et font de longues siestes pendant la journée, etc. Nous encourageons donc les patients dans un premier temps à porter une attention particulière à la régulation de leur rythme de vie.

Comment se déroulent les programmes de réadaptation proposés au centre Gustav Zander ?

Les neurologues du service, et même au-delà, connaissent maintenant nos activités et nous orientent leurs patients vers nous en précisant leur degré de progression de la maladie. Nous envoyons un questionnaire au patient qui lui permet d’auto-évaluer ses capacités telles que marcher, s’habiller par exemple, et d’indiquer ses attentes. Sur cette base, j’essaie de former des groupes de 5 patients aussi homogènes que possible et je les reçois en consultation individuelle pendant deux heures, quelques semaines avant le début du programme. Nous passons ensuite ensemble une sorte de « contrat » par lequel le patient accepte de suivre quelques recommandations, telles que sortir chaque matin entre 30 et 60 minutes, éviter les siestes prolongées, grignoter, commencer à faire une petite marche rapide tous les jours.

En ce qui concerne le séjour, le groupe se réunit quotidiennement pendant 4 à 5 semaines pour pratiquer trois heures de rééducation chaque après-midi avec des ateliers éducatifs autour de la maladie et des activités physiques. Cela se produit en hospitalisation d’un jour, mais nous avons également quelques possibilités d’hébergement pour les patients qui ne vivent pas dans la région. Avant et après ces 4 semaines, il y a également des phases d’évaluation personnalisée.

Pouvez-vous faire de l’activité physique à n’importe quel stade de la maladie de Parkinson ?

Oui, mais évidemment, plus on s’y habitue tôt, plus il est bénéfique de contrer les symptômes de la maladie. Lorsque vous déciderez après 20 ans d’évolution de la maladie, l’effort sera plus coûteux et il sera évidemment plus difficile de démarrer une activité. N’oublions pas qu’à la maladie s’ajoutent les obstacles à la reprise. d’activité physique liée au vieillissement. L’activité proposée sera adaptée aux capacités des personnes et en fonction de leurs intérêts.

Outre les programmes de réadaptation comme le vôtre, comment les patients peuvent-ils pratiquer une activité physique adaptée ?

Dans tous les cas, il est important d’accompagner chaque patient au cas par cas. La prescription d’activité physique adaptée (APA) me semble intéressante lorsqu’elle est considérée comme une sorte de « contrat » entre le patient et son médecin.

Il est également essentiel que les médecins connaissent les réseaux d’enseignants APA de leur secteur pour travailler main dans la main avec eux et échanger ensemble sur les spécificités de la maladie.

Les associations de patients ont parfaitement le droit d’être à l’initiative des projets ABS. Pour ma part, je suis en contact avec France Parkinson sur les deux Savoies pour aider à mettre en place des sessions APA. Ces groupes d’ABS sont importants pour les patients, car ils favorisent également l’interactivité sociale. Pour de plus grands avantages, il me semble important que les structures qui mettent en œuvre l’ABS aient les moyens de créer des groupes de niveaux, plus motivants pour les patients.

Dans quelle mesure l’activité physique a-t-elle un impact sur la maladie et plus précisément quels sont les objectifs des programmes que vous offrez au centre de réadaptation ?

L’activité physique peut non seulement retarder l’évolution de la maladie, mais également réduire les symptômes déjà développés. Les patients que je suis depuis quelques années ont retrouvé des capacités par rapport au début. Par exemple, je connaissais des patients qui avaient réussi à marcher à nouveau alors qu’ils avaient pris l’habitude d’utiliser un fauteuil roulant.

Les études menées montrent que les activités cardio soutenues (lorsque vous accélérez votre rythme cardiaque sans atteindre un état d’épuisement qui serait contre-productif) permettent de développer l’angiogenèse, c’est-à-dire le processus d’oxygénation du cerveau et de relancer la synthèse de la dopamine comme bien comme la production de récepteurs de la dopamine, ce qui aura notamment pour effet d’augmenter l’efficacité des traitements. Des études montrent également un avantage sur les troubles cognitifs. Il est également conseillé de pratiquer des activités qui intègrent des mouvements « vigoureux », réalisés avec engagement.

La pratique régulière de l’activité physique améliore le sommeil, la douleur, régule l’appétit, diminue les fluctuations des capacités liées à la maladie.

Les études vont également dans le sens d’un effet neuro-protecteur d’une activité physique ciblée, voire d’une neuro-restauration. De manière simplifiée, nous régulerions la production de déchets et d’énergie au sein des neurones dopaminergiques, essentiels à leur survie. Avec la pratique d’activités, le cerveau se nettoie d’une certaine manière.

Pour parler plus spécifiquement de nos objectifs au centre de réadaptation, ils sont de permettre aux patients de gagner en autonomie, de reprendre confiance en leurs capacités, de prendre plus de responsabilités, d’avoir un la vie à nouveau, prendre moins de médicaments, avoir moins de risques de chute, etc. Je le répète, parce que c’est important : il est nécessaire que les patients aient accès au plus tôt aux soins dans le centre de réadaptation le plus spécialisé pour retarder au maximum l’évolution de la maladie et limiter les complications. 100% des patients que nous recevons progressent. La plupart d’entre eux n’ont plus le même visage après 6 semaines de soutien, c’est souvent impressionnant pour eux, pour nous et pour ceux qui les entourent.

Témoignage de GUY JANET-MAITRE, Délégué départemental de FRANCE PARKINSON en Savoie, coordinateur des programmes ABS dans sa région et patient atteint de la maladie de Parkinson

Partisan de la théorie des petits pas, j’ai commencé à mettre en place des animations adaptées à l’activité physique il y a 6 ans, d’abord à Aix-les-Bains puis à Chambéry et Albertville. L’idée est de monter en puissance chaque année. Au cours des premières années, j’ai frappé à toutes les portes pour trouver du financement, qui est maintenant pris en charge par la Conférence des bailleurs de fonds.

Les activités physiques commencent par une demi-heure de méditation de pleine conscience, suivie d’une heure et demie d’activité physique adaptée supervisée par des éducateurs formés par le Dr Obert du Centre Gustave Zander. Ils ont lieu tous les lundis à Aix-les-Bains, le mardi à Cognin près de Chambéry, le mercredi à Albertville et le jeudi à Bassens, toujours près de Chambéry. Des ateliers d’art-thérapie sont également organisés toutes les deux semaines. Pour participer, vous devez être membre de France Parkinson et payer une contribution de 10 euros par trimestre pour la médiation et 40 euros pour les activités physiques, sachant que la première séance est gratuite. Il est donc toujours abordable.

Nous varions les activités autant que possible et elles peuvent être pratiquées à l’intérieur ou à l’extérieur selon les jours. L’idée est avant tout que cela reste amusant. Dans le secteur Aix-les-Bains et Chambéry, grâce à la présence de 2 coachs à chaque session, nous avons pu mettre en place des groupes de niveaux afin que chacun puisse évoluer en fonction de leurs capacités.

Outre l’activité physique elle-même, les activités ont également deux autres objectifs essentiels : maintenir les liens sociaux et offrir un moment de répit aux soignants. En effet, sortir de l’isolement est tout aussi important, sinon plus, que le maintien d’une activité physique.

Nos activités sont suivies en moyenne par 10 à 15 personnes, sachant qu’elles peuvent venir autant de fois qu’elles le souhaitent au cours de la semaine. L’âge des participants fluctue entre un peu moins de 60 ans est âgé de plus de 80 ans et la moyenne est d’environ 60/70 ans. Certaines personnes ont commencé à se présenter aux événements en suivant les conseils de leur médecin ou neurologue. D’autres participants ont entendu parler de nous grâce à la communication diffusée à travers l’environnement associatif.

Malheureusement, bien que l’activité physique améliore la qualité de vie des patients, beaucoup hésitent à se joindre à nous. L’une des principales difficultés est de convaincre les personnes qui n’ont jamais fait de sport de commencer une activité physique à 60 ans ou plus. Les athlètes plus jeunes sont beaucoup plus faciles à convaincre parce qu’ils ont déjà expérimenté les bienfaits de l’activité physique. Je pratique moi-même le tai-chi depuis longtemps et je fais maintenant beaucoup d’activité physique grâce à l’association. Je vois clairement les avantages de retarder les effets de la pathologie. J’ai également un dicton que je répète à tous nos membres : « sans activité physique pendant la journée, demain sera pire qu’aujourd’hui ».

Témoignage de PATRICK, 67 ans, région d’Aix-les-Bains et atteinte de la maladie de Parkinson depuis 9 ans

Avant ma maladie, j’étais assez athlétique et je pratiquais beaucoup de randonnée, parfois sur plusieurs jours d’affilée. Lorsque le neurologue a annoncé ma pathologie, je ne savais rien de la maladie de Parkinson. Après l’effet de surprise et les multiples explications, je me suis rendu compte que ma pathologie allait sans aucun doute me handicaper ou du moins me réduire dans ma pratique d’activité physique, et ce fut le cas. Bien entendu, la maladie de Parkinson n’était pas la seule raison de mon déclin d’activité, le vieillissement et l’arthrose étaient également des facteurs déterminants. Ma pratique de rugby durant ma jeunesse a également laissé quelques traces telles que des douleurs aux genoux. Actuellement, j’estime que je suis à environ 50 % de mes capacités.

Il y a six ans, j’ai suivi le programme de réadaptation de 6 semaines du Dr Obert. Cela m’a permis de faire un bilan avant et après les 6 semaines, afin de voir l’évolution au cours de cette période. Dans mon cas, l’évolution a été assez positive, car elle m’a permis de réaliser qu’être malade ne signifie pas être handicapé, et cela m’a encouragé à continuer à pratiquer une activité physique régulière. Bien que j’ai trouvé le protocole de rééducation assez robuste, je n’ai pas eu trop de difficulté à le suivre, car je me sens moins affecté que certaines personnes, en tout cas au niveau moteur et physique. En réalité, ce que j’ai le plus de mal à m’améliorer, c’est mon écriture, car rapidement après quelques lignes, elle devient rapidement illisible, même pour moi, et ma voix a tendance à s’estomper et à devenir moins intelligible avec cette maladie.

Après ces 6 semaines, je me suis naturellement orientée vers les activités physiques adaptées proposées par Guy Janet-Maître. Personnellement, j’ai toujours fait du sport, donc j’ai toujours eu ce goût pour l’effort, mais, contrairement à moi, peu de personnes osent ou se sentent capables de participer à ces activités alors que presque tous les patients qui sortent du programme de réadaptation acceptent d’y participer sur papier.

Cela dit, je comprends que pour les personnes qui n’ont jamais pratiqué de sport de leur vie, il est très difficile de commencer à le faire à 60 ans, et je pense que le retour aux activités physiques pour combattre la maladie, c’est souvent une question d’esprit et de volonté. Compte tenu du nombre de membres de France Parkinson, très peu de personnes continuent une activité physique et c’est vraiment dommage, car le docteur Obert et Guy Janet-Maître passe beaucoup de temps à mettre en place ces programmes et à communiquer à leur sujet.

Je participe donc à des activités physiques pendant une heure et demie tous les lundis. Ces activités sont précédées d’une demi-heure de méditation qui nous permet de nous détendre. Bien que je me concentre davantage sur les exercices physiques, j’avoue que c’est un plus. Nous faisons ensuite de nombreux étirements pour gagner en flexibilité et réduire la raideur de nos mouvements. Cela nous permet également de travailler sur notre équilibre. Ensuite, nous faisons des exercices d’habileté dans lesquels nous jouons souvent au ballon avec nos pieds ou avec nos mains, ce qui nous aide également à contrôler et à coordonner nos mouvements.

En dehors de ces activités le lundi, je fais beaucoup de jardinage à la maison pendant le reste de la semaine. D’autres, j’ai également une heure de kinésithérapie, ce qui me permet de réaliser l’activité physique adaptée. Nous faisons beaucoup de postures de Pilates avec de jeunes physiothérapeutes motivés et cela m’apporte également beaucoup. Enfin, presque tous les jeudis, avec un groupe d’amis qui ne souffrent pas de la maladie de Parkinson, nous faisons une sortie pour marcher dans les montagnes avec un guide, un ancien professeur d’éducation physique, qui nous propose un programme de sorties tentant d’adapter les itinéraires et le rythme aux capacités de chacun.

Témoignage de GENEVIÈVE, 68 ans, région de Chambéry et atteinte de la maladie de Parkinson depuis 3 ans

On m’a diagnostiqué la maladie de Parkinson il y a 3 ans, mais je suis probablement atteinte de la maladie depuis bien plus longtemps. Tout a commencé quand j’ai eu du mal à marcher. J’ai facilement trébuché. Il m’est même arrivé de tomber plusieurs fois dans la rue. Mon médecin m’a rapidement orientée vers un neurologue. À partir de ce moment-là, il m’a fallu environ 2 ans pour me diagnostiquer, car au début, je n’avais pas tous les des signes distinctifs de la maladie, des signes qui se sont manifestés au fur et à mesure. Pour moi, la maladie se traduit principalement par des raideurs musculaires, une lenteur des gestes, beaucoup de douleurs, notamment au niveau des cuisses. Avant le diagnostic, j’avais également beaucoup de pertes cognitives. En particulier, j’avais perdu tout intérêt pour les choses que j’aimais, tout était un effort, j’étais constamment fatigué, je ne dormais pas bien. Tout cela s’est traduit par un état dépressif au cours duquel j’ai commencé à m’isoler socialement, alors qu’avant ma maladie, j’avais toujours été très active et stimulée intellectuellement. J’ai un neurologue en qui j’ai confiance ici à Chambéry, qui a rapidement constitué un dossier afin que je puisse suivre un cours de rééducation au centre Gustav Zander avec le Dr Obert. Cependant, il m’a fallu 2 ans avant de pouvoir intégrer ce stage en novembre dernier, car le Dr Obert constitue des groupes de 5 personnes avec un niveau homogène, afin que les exercices physiques soient les plus cohérents possible pour tous.

Bien que j’aie eu quelques appréhensions, j’étais très motivée à participer à cette rééducation parce que je voulais vraiment m’en sortir. Avant le début du stage, le Dr Obert m’a filmé en train de marcher puis m’a montré la vidéo. Cela a été un choc pour moi parce que je ne savais pas à quel point mon pas était lent et courbé. Il m’a ensuite interrogé sur mon rythme de vie, mes habitudes et mes activités. En conséquence, il a conclu que mon rythme circadien était complètement déréglé. Je ne savais pas à l’époque quel était le rythme circadien et c’était une révélation pour moi. Deux semaines avant le début du stage, il m’a donné une liste d’exercices assez intenses à suivre tous les jours. Il s’agissait principalement de se lever et de manger régulièrement, de sortir le matin et l’après-midi, de ne plus regarder les écrans le soir… Et après 15 jours, je me sentais beaucoup plus apte à commencer ma rééducation. Au cours des 5 semaines de cours, les après-midi ont été ponctués par 3 heures et demie d’activités assez soutenues. J’ai suivi une heure de travail thérapie, une heure d’orthophonie, une heure et demie de physiothérapie et des activités physiques adaptées où nous avons travaillé notre cardio, notre endurance, notre renforcement musculaire, notre élasticité et notre flexibilité… On nous a également appris à marcher et à respirer normalement. Après une dizaine de jours, j’ai commencé à ressentir les avantages d’un stage. Après 15 jours, je me suis naturellement levé à 7 heures du matin, j’étais très actif le matin. L’après-midi je suis allé aux activités heureuses et motivées et je n’ai plus fait de sieste. Je me suis endormi vers 22 heures ou 23 heures et j’ai dormi toute la nuit sans l’aide de médicaments. Pour moi, c’était une délivrance, parce que j’avais retrouvé ma forme, mon moral, le désir de vivre, de trouver des activités et de faire des choses. Je me sens à nouveau en vie. Mes amis ont également été surpris de ma transformation rapide. Au terme du cours, les participants ont tous retrouvé une certaine joie de vivre, notamment grâce au rôle essentiel de la dynamique du groupe. Nous nous entendons bien, nous nous entraidons et nous encourageons les uns les autres autre. Nous nous amusons également, car les activités sont proposées de manière très amusante. La difficulté est maintenant de poursuivre des activités physiques à la fin du stage.

Pour ma part, j’ai la chance d’avoir retrouvé un état de forme presque comparable à celui d’avant ma maladie et je compte reprendre des cours de danse 3 fois par semaine. Par ailleurs, le Dr Obert nous conseille de faire 30 minutes de cardio par jour, que ce soit la marche ou la marche nordique, le vélo, le vélo elliptique, etc. Au centre, nous avons reçu tous les outils nécessaires pour poursuivre les exercices pratiqués pendant le cours. Ils ont également personnalisé le rythme et les types d’exercices à effectuer en fonction des capacités et des besoins spécifiques de chacun. Nous avons également un livret d’exercices pratiques dans lequel sont détaillés l’ergothérapie, l’orthophoniste et les exercices physiques adaptés pouvant être suivis. La plupart des patients avec lesquels j’ai participé au stage participeront aux activités physiques adaptées proposées par France Parkinson, l’objectif étant de pratiquer ces activités dans la régularité, le plaisir et la volonté de progresser un peu chaque jour.

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